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Israël – Une Belle Histoire: La petite fille dans sa robe blanche

La petite fille dans sa robe blanche par Mylène Sebbah– from: http://www.israel-infos.net/

( Pour tous lecteurs francophone)

Elle s’appelle Basima Shafiq et portait une jolie robe blanche. 

Ce jour-là, du côté de Jéricho, la petite fille de neuf ans demanda un verre d’eau à des soldats israéliens. C’était pendant la guerre des Six Jours.

Quarante-quatre ans après, Eliezer Sheffer qui lui avait tendu sa gourde, est parti à sa recherche. Sur la photo, ils sont immortalisés tous les deux.

Le soldat en treillis, visage mal rasé après des journées de campagne, tout entier tendu vers ce geste simple : donner à boire à un enfant.
La petite fille brune en robe blanche immaculée, paupières baissées, boit délicatement l’eau qui lui est offerte.

Cette photo, prise en juin 1967, Smadar, la fille d’Eliezer Shezffer est tombée dessus par hasard l’année dernière chez un ami.

Le père de celui-ci, Aharon Zukerman, auteur de la photo, était alors photographe freelance. Smadar s’est empressée de montrer le cliché à son propre père qui n’en soupçonnait même pas l’existence.

Les souvenirs lui sont alors remontés par bouffées : la bataille pour la reconquête de Jérusalem en tant que sergent dans une unité de réserve parachutiste, la prière de Min’ha sur le Mont du Temple reconquis, la longue remontée vers le Nord pour rejoindre les combats sur le plateau du Golan.

Mais la guerre était déjà finie et les voilà repartis vers le Sud, entassés dans un camion militaire.
Sur leur chemin, dans la cohorte de résidents arabes rentrant chez eux à pied après avoir fui les combats, Basima, petite fille seule, une bouteille vide à la main.

Après l’avoir désaltérée, Sheffer et ses camarades lui offrent de la ramener chez elle à Jérusalem.
À Jérusalem, dans le quartier d’Abou Tor, la jeep militaire stoppe devant une maison qui semble vide.

La porte s’ouvre avec méfiance et ce sont des cris de joie et le soulagement des retrouvailles. Eliezer se souvient du père Ibrahim, de la mère qui s’empresse autour de lui et de son camarade, Nissim Levy, avec du café et des fruits.
C’est le début d’une subtile et brève amitié.

Sheffer, parfois accompagné de sa femme, Esther, et leurs trois enfants, rendent parfois visite aux Shafiq à Abu Tor. En Juillet 1967, un de ses amis, Zevulun Hammer, qui allait devenir ministre dans plusieurs gouvernements israéliens, l’a même accompagné, intrigué par l’histoire de cette encontre.

Le temps passe et chacun rentre dans sa vie. Dans les années 1970, Sheffer rencontre l’un des frères de Basima dans la Vieille Ville de Jérusalem qui lui raconte qu’elle s’est mariée et a déménagé au Koweït.

Eliezer Sheffer est aujourd’hui à la retraite après avoir été conseiller d’orientation au ministère du Travail. À son sens, l’amitié dont il jouissait auprès de la famille Shafiq était une évidence :
“Ce devrait être la norme”, s’étonne-t-il. Fils d’un Hassid de Karlin, il a toujours pratiqué des relations d’amitié et de bon voisinage avec les familles arabes et musulmanes, aussi bien à Tibériade où il habitait enfant que dans la vieille ville de Jérusalem où il demeure aujourd’hui dans le quartier de Musrara.

“Pour les Juifs dans un État juif souverain, la relation avec les minorités doit être juste, morale et honorable, affirme cet homme observant et président de l’Organisation Mondiale des Communautés orthodoxes et synagogues en Israël et dans la diaspora,
C’est une valeur religieuse – et je peux le prouver par des sources rabbiniques.”.

Aujourd’hui, la maison d’Abu Tor n’existe plus, le bloc a été rasé et reconstruit. Ni les voisins ni les employés de l’hôpital Augusta Victoria proche ne reconnaissent la petite fille à la robe blanche sur la photo. Un passage dans une émission de radio israélienne “Hamador L’chipus Krovim” (Recherche Personnes disparues) ne donne rien non plus mais Eliezer Sheffer garde l’espoir.

La recherche de cette enfant, aujourd’hui probablement mère de famille, lui semble prendre une dimension particulière : “Elle avait l’air d’une princesse dans cette foule de réfugiés. Je me souviens comment, avant de boire, elle a voulu se nettoyer la figure et lisser ses cheveux. Elle avait une telle assurance, une réelle dignité. J’aimerais savoir ce qu’a été sa vie.”

 

MH